Build a rocket boys! Anatomie d'un chef d'oeuvre

© image used for identification in the context of critical commentary

Après avoir remporté bien des prix, effectué des tournées solos ou en première partie de groupes  ne leur arrivant pas au mollet, les membres d’Elbow s’enferment au Blue Print Studio de Manchester et autoproduisent  cette galette des délices. Le disque sort le 7 mars 2011,les éloges pleuvent comme une semaine à Vancouver. L’inspiration des textes change,les peines d’amour s’effacent, voici l’enfance, telle que vue par Guy Garvey, Exit, comme il dit lui-même,  le « heartbreaking melancholia ». Les bons textes ne naissent pas des gens heureux, il avait donc à retrouver une veine inspiratrice ailleurs. L’enfance. Son enfance. Mais en même temps, se rappeler de son enfance, c’est s’avouer qu’on a grandi, vieilli. On échange alors ici la mélancolie pour la nostalgie. Heureusement pour nous, cela nous donne des chansons si poignantes qu’il m’est arrivé d’avoir les larmes aux yeux, moi, un homme :-). Larmes aux yeux et whisky de malt des Higlands, La musique, quand elle touche sa cible, apporte toujours son lot de frissons, de joie, d’élans de tendresse et de larmes. That’s why music matters so much.

Jesus is a Rochdale girl a longtemps constitué le backbone du disque. Premier amour de Guy Garvey. Ce cinquième opus est fait pour SA voix et quant à l’occasion, il était en panne, ne sachant trop comment placer les aigus, il rendait une petite visite à Wiltshire, où lui et Peter Gbriel devisaient sur l’art de placer telle note dans un background fragile ou encore telle autre, haut perchée qui fait que s’envolent paroles et musiques. Sommet du genre chez Gabriel, Wallflower, album Security.

Bien.
Avec cette anectdote, je viens de régler définitivement le cas de la filiation avec les vocaux de Peter Gabriel. Ne me cassez plus les oreilles avec un argument du genre :  » c’est bon , mais on dirait Gabriel! ». Elbow n’est pas Gabriel, Guy Garvey non plus, son registre vocal est beaucoup plus étendu, et sert des textes autrement plus profonds.  Gabriel reste  toutefois un artiste géant, loin de moi l’idée de le dénigrer, il a été mon pain, mon beurre et même ma confiture pendant des années.  Il n’y a pas à rougir de la comparaison. Au contraire, quand l’influence est portée à un tel degré de raffinement, de sublimation, elle devient hommage et art réinterprêté.

Buid a rocket boys! ( 2011)

Birds

Huit minutes quatre ! Ça dure hit minutes quatre, Comme mentionné préécédemment, la voix de Guy domine, en dessous, percussion plus discrètes et bidouillage au clavier. Voix doublée à la tierce, impression de mini choeur. On se dit qu’à se rythme, ça va être long. Mais !

Mais, il y a le 3:30. Qu’est-ce qui se passe à 3:30 ? L’arrivée de synthés traités électro-pop ou mieux, Peter Gabriel ( bon, j’en sors pas), période Security, San Jacinto, Lay your hands on me, ou Wallflower.
Puis M-Tron( enfin , sort of) . L’avion décolle , tourne à gauche, prend son cap. Le son est plein. Belle intro. Ça promet.

Lippy kids

Lippy kids, c’était le titre de travail de l’album. Piano simple, basse, sifflements. Voix de Guy qui entame son couplet. « Lippy kids on the corner again ». Toujours ce piano.Puis le chorus. Le chorus ! Sublime, la nostalgie vous envahit comme le brouillard sur le pont Champlain. »Build a rocket boys, build a rocket boys ! »Cette chanson est si simple , si émouvante qu’elle frise la perfection.  A placer à côté de Great Expectations ( Leaders of the Free World).  La voix est très…euh, j’ai dit que j’en parlerais plus.Nostalgie, douceur.

 

 

Jesus is a Rochdale girl

Premiers émois de jeunesse de Guy. Menée par une guitare acoustique, le texte se détache et prends toute son importance. Ah, j’oubliais, il y a, de manière récurrente, des notes de piano Rhodes si surprenantes qu’elles apportent un élément de surprise  à la chanson. Encore une fois, pas besoin qu’une musique soit alambiquée pour émouvoir . Je démolis ici un deuxième mythe au sujet d’Elbow. Ce n’est pas du new prog-rock. Le premier qui me sort ça, je lui pête son mellotron. Oui, les tounes ne sont pas formatées radio. Mais le reste ! On est si loin de Genesis , Van de Graaf, Yes, Jethro Tull  ou même King Crimson ( là, je m’accorde une petite gêne), que tous ces groupes peuvent être placés dans la section Dinosaures, à écouter par jour de spleen. Elbow, c’est maintenant et c’est pour tout un chacun une leçon d’humilité et de simplicité.

 

 

En prime, une intro de Guy Garvey. Pour pratiquer l’accent de Manchester.

The River

Piano et voix. Debussy, Satie , Ravel ? Exquis et trop court.

Open Arms

Voilà la chanson qui a eu besoin de l’aide de P.G.  La voix de Guy Garvey vous amène lors des couplets dans des zones de finesse inouïes. Avec un choeur comme seul Elbow sait les amener. Un hymne. On finit un set avec ça! Et on emporte la salle pour une troisième « encore ».

 

 

The Birds ( reprise).

C’est pas long, c’est pas assez long. Une minute trente deux. Cest John Turner, un accordeur de piano à l’âge avancé  ( l’accordeur, pas le piano!) et à la voix fragile  et chevrotante  qui chante cette chanson.  John Turner a travaillé durant chaque enregistrement et l’idée de lui offrir cette minute trente deux de chant est une idée merveilleuse, généreuse et qui plus est , artistiquement éclairé. Car la fragilité  de cette voix  nous montre notre propre fragilité…  Une minute trente deux seulement. Cette fragilité met la table pour une des meilleures fins d »albums overall qu’il  m’ait été donné d’entendre. Dans Lippy Kids, souvenez-vous, Guy insistait : « Love your mate »,

Dear Friends

Une chanson inspirée par la fonction  » shuttle  » de l’Ipod de Guy Garvey. Les quatres dernières tounes parlaient de mort…Les amis, les amis d’enfance dont il faut impérativement se souvenir. La mélodie est d’une douceur inouIe, elle avance drivée par les guitares et la rythmique. La voix plane au-dessus et toute l’étendue du registre vocal du chanteur, rendue ici par un lyrisme poignant, amène ce titre vers une accoutumance  difficile à soigner. Une fois finie, la chanson vous laisse orphelin. Vous n’avez d’autre choix que de remettre Dear Friends jusqu’à épuisement du sujet…
J’ai un extrait, de 49 secondes, fait par les gars d’Elbow.
Écoutez. Allez acheter ce disque. Pour ceux qui aime la musique, la musique dans toute sa simplicité, au-delà des étiquettes et des genres, la musique qui vous touche au point d’en pleurer, au point d’en avoir des frissons dans le dos, au point de se réjouir de mettre son casque dans les oreilles, même aux toilettes, c’est un achat que vous ne regrettez pas.

 

Finalement, demain, je terminerai par une partie documentaire avec liens et interviews. Ainsi, vous aborderez Elbow avec le minimum de préjugés.

CU

© 2011, Jf Chetelat

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s