Alice in Wonderland

Je traverse une période cinéma. Au programme de ce dimanche grisouillant, Alice au pays des merveilles, de Tim Burton. Avec Johnny Depp, dont je suis président de son fan-club, entre le boulevard de la Concorde et le Boulevard St-Martin.
Burton – Depp, un couple mythique du grand écran qui nous a déjà donné quelques chefs-d’oeuvre : Edward Scissorhands, Sleepy Hollow, Charlie et la chocolaterie, Sweeny Todd.
Cette fois-ci, ils s’attaquent à un monument : Alice au pays des merveilles, un livre quasi patrimonial en Grande-Bretagne.
Johnny Depp voulait tellement participer à l’aventure qu’il était prêt à jouer Alice ! Une piste que les deux complices auraient peut-être dû suivre. Le  film a couté 200 millions US et a été tourné en 3D-motion (on vous facture les lunettes à l’entrée et vous devez les rendre à la sortie) et porte la signature Disney. La signature Disney en 3D, suspendue au milieu de la salle, ça vaut bien trois dollars pour la location des lunettes.
Pour quelqu’un qui n’a jamais lu le livre, le film est un bonbon. Les paysages sont grandioses, burtoniens à souhait avec ses arbres torturés qui implorent le ciel, ses châteaux tordus et délirants, ses atmosphères qui passent du bleu foncé au noir (Sleepy Hollow).
Les costumes sont magnifiques, inventifs, les maquillages très appuyés, les animaux parlent, pleurent et rugissent.
L’histoire nous conte une lutte de pouvoir, les Bons contre les Méchants, la Reine Blanche contre la Reine de Coeur (étonnante Helen Bonham-Carter dotée d’une…très grosse tête). On en devine cependant facilement l’issue, puisqu’Alice a été ramenée dix ans plus tard dans «l’autre monde» par le lapin, étant l’élue qui tuera le Jabberwock et qui redonnera le pouvoir à la Reine Blanche. Il s’agit, en quelque sorte, d’une suite à Alice aux pays des merveilles, la scénariste et Burton ayant joué avec les deux textes, Alice’s Adventures et Through the Looking-Glass. Ils ne sont pas les premiers à l’avoir fait…
Le public sort de la salle ravi, et le film a déjà rapporté 400 millions de beaux dollars. Quant à moi, bien qu’ayant trouvé ces deux heures très divertissantes, je reste avec un sentiment d’inachevé.
Le 3D est totalement inutile, à moins d’être un moyen de lutter contre la piraterie.
Ensuite, je veux bien qu’on mêle les deux textes si cela sert le propos. Or, je crois qu’on est passé à côté de l’essentiel…pour des raisons qui n’ont rien d’artistique. Je m’explique.
L’oeuvre de Lewis Carroll nous emmène dans un pays surréaliste pour certains, cauchemardesque pour d’autres, où la logique n’existe plus, où les personnages sont  inquiétants et ambigus, où l’absurde et l’humour sont omniprésents alors que le temps lui, a des fuites…
Un lapin trop pressé, un chapelier prisonnier de son heure de thé.
Question : où est passé cet univers de folie douce, où sont passés Tweedledee et Tweedledum (ils sont pourtant là, mais en tant qu’accessoires), où est Humpty Dumpty et ses questionnements de langage, où est Alice la curieuse, la «toujours plus curieuse», qui s’attarde à chaque nouvelle rencontre ?
Tim Burton aurait pu réussir à traduire ce monde déroutant, tout en livrant une oeuvre accessible. Il l’a déjà fait auparavant (Edward Scissorhands). Des banquiers ont dû l’en dissuader.
En «Harry Potterisant» le récit, il en a fait une banale quête de soi trouvant son aboutissement dans l’exploit chevaleresque. À ce tarif, je préfère regarder Kaamelott à la télé. Au moins, je ris et reçois ma dose d’absurde.
Dommage. Le fric a parlé et Alice’s Adventures in Wonderland est devenu un spectacle à grand déploiement. Dans le genre, je me demande si je n »ai pas plus aimé le film de Terry Gilliam, l’Imaginarium du Docteur Parnassus.
Trop souvent, quand la machine hollywoodienne sort son trésor de guerre, c’est pour se comporter en armée rasant tout sur son passage…

Et Johnny Depp? Un croisement de Willy Wonka et du capitaine Jack Sparrow.
Égal à lui-même, mais incapable de sauver le navire à lui seul. Belle coiffure cependant!

Jf Chetelat

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