Mon ancien blogue étant plus une blague qu’un blogue, j’ai décidé de m’y remettre avec sérieux et dévotion, de réorganiser le tout en plusieurs temps d’arrêt (les gares) me permettant de donner un avis éclairé (je vous laisse choisir le nombre de watts!) sur les sujets qui me passionnent : le texte numérique et son modèle économique, l’informatique, tout ce qui a trait à Apple et au Web, sans oublier l’écriture, la photographie, la musique, le cinéma, les séries télé et la peinture.
Et bien sûr parler de cette aventure commencée avec mon ami Laurent, ROBERTNEVEUTPASLIRE, une maison d’édition totalement numérique, un peu déjantée, qui progresse, va chercher de nouveaux auteurs sur les réseaux sociaux, et sera distribuée sur toutes les plateformes majeures lorsque le temps sera venu. Nous y serons présents avec de très bons textes, de bons auteurs, très bien rémunérés. Car, s’il y doit y avoir révolution dans le monde du livre par le numérique, ce sont les auteurs qui l’amèneront, comme les musiciens l’ont fait avant eux dans leur domaine.
Sujet d’un prochain article, ici et sur les carnets de Robert.
J’ai considéré Robert comme gare d’arrivée, Penn Station. Car Robert finira non loin de là, sur Times Square !
Bon(!), ce nouveau blogue. Le titre n’est pas clair et demande explication…6 gares pour NYC !
L’idée est née lors d’un voyage en train, de Montréal à New York. 50 minutes en avion, 7 heures en auto, 12 heures en train.
Beaucoup d’arrêts donc. De correspondances. Il arrive que l’on soit immobilisé une heure à la même gare. Dès lors, une vie sociale s’organise, on parle au voisin, à la voisine, à ceux que l’on croise dans les couloirs ou sur les quais. Il y a là des enthousiasmes qui se partagent, des mondes qui se rencontrent, des rêves qui naissent. Et beaucoup d’idées qui circulent entre deux villes dont on croirait parfois que l’une est la réplique miniature de l’autre…Deux villes qui, en dépit de la langue, ont beaucoup en commun, l’invention, l’audace, la création,le cosmopolitisme, l’acceptation des différences. Mais, six fois plus peuplée, cent fois plus riche, la mégapole américaine fait surtout office de chargeur de batteries aux audacieux trappeurs d’idées.
Le train quitte le Québec, passe une frontière devenue presque un mur, alors que la géographie nous indique le contraire. On longe les Adirondacks, interminable zone de parcs et de forêts. À Glens Falls, puis à Saratoga Springs, on hume un soupçon d’urbanisation. Large détour par Schenectady, noeud ferroviaire majeur, et voilà Albany, capitale de l’état. Une heure d’arrêt ! Les discussions, jusque-là timides, s’animent, se musclent, un fond d’air de Manhattan sans doute, que l’on perçoit tel un subtil parfum aphrodisiaque. On parle de B & H, LE magasin pour photographes, fermé le samedi, jour du sabbat, du Moma, de Francis Bacon, d’un concert des Blonde Redheads au Beacon Theatre, des galeries d’art, et de la résurgence de la ville après le 11 septembre 2001.
Le train nous appelle, nous remontons, excités, il suit le cours de l’Hudson, qui a reçu plus haut, à Troy, les eaux de son affluent principal, la rivière Mohawk. Ce n’est dès lors plus une rivière, mais bien un fleuve. On le traverse à Poughkeepsie, pour poursuivre sur sa gauche jusqu’à Manhattan. Soudain, en face de nous, énorme, la base militaire de West Point ! Puis, passant sous le Tappan Zea Bridge, si connu des amoureux de la I-87, ce sera bientôt Yonkers, puis Manhattan, par un long tunnel sous l’Hudson Parkway 09A.
Chacun y va alors de ses anecdotes les plus folles sur New York, même ceux pour qui ce n’est qu’une première visite. Puissance de cette ville sur un imaginaire collectif alimenté de stars que l’on croise facilement sur Cinquième Avenue, de lieux cent fois vus au cinéma et à la télévision, d’endroits où l’on mange bien, de bonnes adresses jusque-là gardées secrètes et de lieux mythiques, Broadway, Times Square, Macy’s, le Madison Square Garden, l’Empire State, le Chrysler building, Brooklyn Bridge et tant d’autres.
Arrivée Penn Station. 12 heures de train, beaucoup d’histoires, d’espoirs racontés, de rêves dévoilés, de projets dynamisés. Un trajet long sans une minute d’ennui ! On échange des noms d’hôtels, des numéros de téléphone. On oublie presque de prendre ses valises avant de descendre sur le quai, on marche plusieurs minutes dans des couloirs agités et soudain l’extérieur ! Wow !
À 8:32 pm, fin septembre, Manhattan entrouvre déjà le rideau. Macy’s est en face, B & H pas très loin, le Madison Square Garden au-dessus, Derek Jeter, sur affiche géante, nous invite au Yankee Stadium, le chargeur de batteries fonctionne à pleine capacité : tout ce petit monde venu du Nord s’engouffre dans les voitures jaunes ou remonte l’avenue jusqu’au métro de la 34ème rue, ligne 1,2,3.
À New York, les premières heures sont toujours magiques, la verticalité nous amène à voir plus grand, plus loin, plus haut, et nous rend euphoriques.
Ce voyage est la métaphore un peu boiteuse de ce que se veut ce modeste blogue : chaque gare est un endroit où des passagers descendent et d’autres montent, et de ces changements, de ces temps d’arrêt, naîtront des dialogues enrichissants, amèneront des pistes et placeront les sujets en perspective. Une fois le train reparti, les discours s’animeront, les paroles s’enflammeront, les idées engendrées par l’approche de la ville Rêve donneront à tous fougue et détermination.
Une fois sur place, comme un bon vin que l’on doit décanter, ce sera le retour à une nécessaire lenteur, du moins est-ce mon cas. Paradoxe : cette ville qui ne dort jamais sait pourtant offrir des lieux de silence ! Mon hôtel est à deux avenues de Central Park. Dix minutes de marche dans l’Upper West Side et voici l’oasis. On y trouve des endroits de grande solitude, et les bruits du Midtown, déjà ténus, finissent par disparaître.
Lieux d’énergie et lieux de retraite. Cette ville, décidément, fait don de tout à qui sait la regarder.
Un blogue de passions, donc, exprimées, partagées sur différents tempos avec des compagnons de voyage, connus et inconnus, vers une terre régénératrice.
Évidemment, il n’y a pas 6 gares. Après inventaire des thèmes qui m’importaient, mes dix doigts suffisaient à peine ! WordPress avait déjà enregistré mes six gares…. et m’interdisait tout retour en arrière à moins de tout recommencer. Il me fallait tricher. Qu’importe ! Il y aura donc neuf gares. Celle du départ, celle de l’arrivée et celle de Lake Placid (qui n’existe toutefois pas sur cette ligne) n’étaient pas du projet initial.
Puisse ce blogue profiter de cette abondance de lieux d’arrêts et reflète la qualité de ce voyage !
Jf Chetelat
wow, beau voyage, je m’y suis promené un peu comme dans La Modification de Butor, ce doit être l’évocation du train et des noms de rues 🙂